Prostate, je te hais …

Prostate, je te hais …

Prendre le temps d’écrire, prendre le temps de le dire, pour qui sait pouvoir y survivre,  et ne plus, surtout plus, souffrir…

Rentrer de soirée un peu défoncée (fête familiale oblige !)   Se réveiller angoissée ; Toi, hôpital réfugié. Douleurs intenses : impossibilité de vider ta vessie (Sachant que la bière avait coulé à flot c’était ennuyeux !  D’un autre côté, personne ne t’avait obligé à vider le fût…  🙂 )

Et de contrôles en examen de routine tant qu’à faire, le médecin de garde était consciencieux, tu étais en de bonnes mains. Tombe la recommandation : “Monsieur, rien à voir avec ce qui vous amène mais vous devriez faire vérifier votre prostate !”

Tu as 51 ans.  Et voilà le voyage vers l’horreur qui commence… vérification de la suspicion ; prise de sang (confirmation taux PSA record !) ;  3 mois d’attente pour un scanner,  6 mois pour une scintigraphie…   prélèvement d’un ganglion . Confirmation de passager clandestin : ton nouveau compagnon de route !

Et là, il nous faut décider radiothérapie ou opération…   L ’occasion de mesurer son peu de connaissance des choses médicales …   Heureusement,  google est là ! Et nous voilà dans la quête de tout et son contraire en évitant les forums de discussion et en essayant de se tenir aux informations strictement médicales. On se décidera pour opération suivie par sécurité de radiothérapie. Ensuite, hormonothérapie et prises de sang régulières s’ajouteront à la liste des choses à faire… Tu as adoré commencer à avoir plus de seins que moi et découvrir les joies des sauts d’humeur comme une femme ménopausée (rassurez vous,  je n’ai pas D ni même C en bonnets) … Tout va…

La vie reprend son cours. Tu me fêtes mes 50 ans ! Et… 5 ans plus tard (“C’est déjà pas mal lui dira un urologue…!“) La récidive est annoncée avec en bonus  les copines du compagnon : quelques métastases osseuses…

Le ciel vous tombe une deuxième fois sur la tête ! Sachant que là les choses sont claires on entre dans des soins palliatifs puisqu’à ce jour sans autre progrès médical aucune guérison n’est possible, on pourra  faire traîner les choses mais pas les éradiquer (nous étions en 2010)… Mais personne ne vous dit rien, chaque cas est unique et en médecine tout ou son contraire est possible…

Qu’importe Monsieur en veut et s’accroche avec le sourire.  A l’écouter tout va…

Ce sera l’attente mensuelle des résultats sanguins puis trimestriellement le rendez-vous chez l’oncologue. L’étude de la courbe PSA fluctue et notre moral avec ; ça baisse on pense que le traitement est efficace et l’espoir de se prolonger encore et encore vous enivre, ça remonte on se dit qu’il va encore falloir changer de molécule et que cela ne sent pas bon… Les traitements possible sont à ce jour peu nombreux bien que des aller/retour semblent possible et efficaces…

Les pronostics vitaux ne sont pas encourageants. On fête notre dernier noël, son dernier anniversaire, on se prépare à l’inéluctable… Mais c’est sous estimer le courage et la rage de vaincre du Monsieur… Il y aura encore des Noël et encore des anniversaires avec une épée de Damoclès sur la tête mais il y aura…

La route continue, certes les forces s’amenuisent, les douleurs s’intensifient, mais il s’accroche et toujours avec un sourire…

Il a encore trop de choses à faire et se bat pour terminer son travail…  Etre à jour, ne pas laisser tomber ceux qui lui ont fait confiance ; c’est aussi une façon de s’oublier et d’être utile. Car si son corps le lâche, sa tête fonctionne bien. Les douleurs ne lui facilitent pas les choses et deviennent de plus en plus invalidantes. Les copains s’éloignent, les amis restent… Et étonnamment ce n’est pas forcément ceux à qui on s’attendait…   La vie réserve bien des surprises !   Personne n’est à l’aise quand l’ombre de la grande faucheuse se dessine…

Voilà maintenant quelques temps que nous avions opté pour le lit médicalisé , visite bi quotidienne des infirmiers,hebdomadaire du kiné et mensuellement la chimio. Quelques hospitalisation intermédiaires pour synchroniser tout cela  tout un programme ! On passe à la pompe à morphine. Une vraie petite pharmacie mon mec à moi !

l’été sera chaud… un staphylocoque doré se rajoutera à la liste des nouveaux locataires !

Tu “fêtera” tes 61 ans à l’hôpital

l’apétit n’est plus . Toi, l’épicurien, il faudra te forcer à manger !

La fatique omniprésente et les douleurs, toujours et encore les douleurs… Alors on augmente les doses !  Et tu gères toujours et encore sans te plaindre.

Et je me répète, douleurs toujours ces douleurs ; alors on te (re) hospitalise le lendemain de tes 62 ans. Je ne sais pas encore que tu ne reverras plus ta maison…

De la morphine on passe à la méthadone, mais les douleurs ne baissent pas les bras…

Pour mieux te soulager et te soigner on te change d’hôpital les médecins spécialistes de la douleur seront sur place ! La chambre est plus jolie ! Les médecins réfléchissent… Les doses administrées sont importantes et il faut éviter les effets secondaires, tu es encore autonome et a toute ta tète, tu acceptes d’essayer un médicament qui amplifierait les effets de la méthadone sans être obligé d’en augmenter les doses… Hélas pas de changements si ce n’est les effets secondaires prévus : endormissement et baisse de tension. On arrête puisque plus de désagrément que de bien et que tes douleurs persistent.

Deux jours après tu tombes en voulant faire ta toilette… une autre servitude t’attend la dépendance totale aux bons soins des infirmiers, bonjour l’humilité Et les douleurs qui reprennent de plus belles. Une nouvelle infection du site est avérée ! Tu commences à enchaîner les fausses routes. Tu ne peux plus rien avaler !

J’apprends que la méthadone en France ne se donne pas par perfusion mais seulement en cachet !

Il te faudra attendre 12 heures de sevrage pour pouvoir repasser à la morphine mais à des doses ridicules par rapports à tes anciennes doses. Toi, tu souffres, tu le dis, je le crie…  ” Mais on est obligé de respecter des paliers, ici on ne fait pas d’euthanasie...” Je n’ai pas souvenir d’y avoir seulement pensé !

Mais te voir là tributaire du bon vouloir de la médecine et souffrir ou plutôt agoniser car là ce n’était pas mourir mais crever…. Ces jours sont à ce jour la pire épreuve de ma vie… Un spectacle d’une semaine que tes enfants et moi avons partagé et dont on essaye de se relever chacun à notre façon…

Jamais deux sans trois, le ciel nous tombe sur tête, tu t’en vas… Aujourd’hui nous t’avons dit “A Dieu” et on se console en se disant que ce calvaire t’est fini… Nous allons essayer de continuer la route, il parait que la vie continue…

 

Petite histoire de vie pour me soulager avec la pause de mots, rendre hommage au courage et combat d’un homme d’exception (normal c’est le mien) ,

mais aussi pour que vous les hommes pensiez à vous faire dépister, contrôler…

la prostate ça ne rigole pas et surtout on peut en mourir !

Pour conclure sur une note utile – en novembre –

🙂 Laisser-vous pousser la moustache 🙂

PARAITRAIT QUE DE LA DOULEUR NAIT LA CREATIVITE, ALORS, QUI SAIT CE QUE DEMAIN ME RESERVE 🙂 🙂 🙂

Mais qu’as tu donc fait de ta prostate ?

Mais qu’as tu donc fait de ta prostate ?
Ne riez pas
Je vous voie dire “ça y est, Éléphant Gris a pété un câble
alors pour vous répondre honnêtement
je dirai
oui et non…

Aujourd’hui, je serai bien en peine de vous citer une famille
qui n’est pas confrontée de près ou de loin au nouveau fléau
dont je vais éviter de prononcer le nom…
effet de style pour faire “Harry Poter” 🙂
Octobre Rose bat son plein
les filles, de tout âge, sont sensibilisées à la question
et j’espère entendu et reçu le battage médiatique pour se faire dépister…
Pour nos hommes, c’est un autre débat
on plaisante, on rit, mais se fait on vraiment dépister
Je n’entends pas lancer Novembre bleu 🙂
mais visiblement beaucoup de ces Monsieurs se retrouvent dans des situations critiques car ils se trouvent confrontés trop tard au problème.
Et pourtant le dépistage existe…

Ce préambule
pour tout simplement vous dire que
parce que les choses ont été prises trop tard
euh ! pardon la bête est dans ce cas déchaînée, il parait que c’est un cas de cancer fulgurant…
mon conjoint se bat contre une saloperie qui connaît son terrain….
Avant, comme tout un chacun, je pensais que les problèmes de prostate était un truc de vieux (On a toutes et tous le cas d’un pépé lointain qui avait ça et n’en est pas moins parti presque centenaire.)
et que de toutes façons c’était un cancer facile car à évolution très très lente?

mais ça c’était avant

On arrive à la cinquantaine. On se couche le soir comme tous les soirs, et un matin tout est différent, la bête est annoncée et, croyez le ou non, ça ne prévient pas mais cela vous change la vie…
Alors commence la course folle des examens
on découvre des tas de spécialités médicales dont la veille encore on ignorait l’existence, mais surtout, on se retrouve bien seul devant ce qui représente pour soi en quelque sorte la fin du monde…
Quand le mot interdit est lâché, on ne rigole plus.
Un temps premier, vous faîtes la joyeuse expérience de la prostatectomie suivie de radiothérapie, et de l’hormonothérapie
(super, on vous vole la vedette, vous ne pouvez même plus vivre les effets de votre ménopause sereinement, parce que ces messieurs quand ils ont des états d’âme et bouffées de chaleur,
ça vaut le détours 🙂
je plaisante parce qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer)

Les questions s’emballent, impuissance, incontinence, combien de lendemains encore, dans quelles conditions vivra t on, comment évoluera la bête si on ne l’éradique pas, et tout et tout…

Puis, pris en charge, absorbés par les traitements on devient accro aux statistiques, descend, monte ou monte pas (je parle du taux de PSA)… Quand le taux baisse la confiance revient, quand il monte on se questionne… même si on vous dit que cela ne veut rien dire alors pourquoi on continue de le chercher chaque semaine ?

Et bien sur outre le message voulu rassurant du corps médical vous restez sur votre faim…
Un temps second, vous êtes devenu hormonorésitant, vous aurez droit de vous essayer à la chimiothérapie… et bonus de faire la chasse aux métastases…
Comme vous êtes un peu désemparé face à l’évolution de la chose, vous découvrez les différents actes au fur et à mesure, mais il parait que c’est mieux car chaque cas est différent …
Heureusement, divers “bobos” (appelation sympathique données aux douleurs récurentes) viennent vous sortir de vos rêveries et Dame Fatigue se fait omniprésente….
On en arrive à se demander de quoi on pouvait bien se plaindre avant, car si la vie était parfois difficile, maintenant avec une épée de Damoclès sur la tête vous n’arrivez plus à vous projeter dans un demain et cela a un côté très lugubre.
A ce stade, nous avons déjà 6 ans dans les reins… mais il faut rester confiant, la médecine progresse…

Voilà, la vie continue, il faut faire avec
Je ne vais pas m’étendre sur cette maladie dont je ne suis qu’un spectateur, aux premières loges, certes, mais spectateur tout de même…
Il y a mieux mais c’est plus cher 🙂

Dans mes moments d’égarements, où les angoissent sont trop présentes et les réponses trop absentes, je surfe sur la toile à la recherche de………. de quoi au juste, on ne sait trop
mais parfois on trouve des “compagnons” d’infortune qui se livrent,

un voyage – “voyage avec mon cancer” bien courageux dans lequel je retrouve bien des similitudes avec ce que je vis…. euh, pardon de ce que vit ou a vécu mon compagnon

Mais parfois on lit des choses blog d’un condamné à vous faire pleurer toutes les larmes de votre corps et on apprend que c’est juste du roman,
on rit jaune
même s’il convient de saluer les talents de l’auteur 😉

Il m’est difficile de trop étayer les choses car vous l’aurez compris, se livrer n’engage pas que moi et je ne sais si mon “Autre” serait ravi de se retrouver dans mes écrits… je vais lui laisser le plaisir de le découvrir si le hasard le fait se perdre sur mes pages…

Voilà, un p’tit partage de mes états d’âme qui justifie à défaut de les excuser mes absences sur la Toile et dans mon Atelier.

 

4 ANS PLUS TARD